Ce mystérieux hippocampe
Ecologies fragiles
A part la Camargue à l'est et les roches des Pyrénées à l'ouest, toute la côte du golfe du Lion est bordée de plans d'eau côtiers, appelés lagunes, étangs ou bassins, tous salés et reliés à la mer par des chenaux naturels ou aménagés qu'on appelle des grau.
Ce sont des univers singuliers aux les écologies fragiles. Parmi les êtres curieux qui en peuplent certains, l'hippocampe n'est pas le moins curieux.
Tout le monde le connaît, peu l'ont vu. Bien des emblèmes marins reprennent sa silhouette à tête de cheval et à queue de crocodile. Un dragon, presque. Mais gentil, aux yeux étonnés et naïfs, ami des enfants et des gens de mer.
Pour les scientifiques, les deux principales familles de ce cheval de mer qui vivent en Méditerranée, à savoir Hippocampus hippocampus et Hippocampus guttulatus, appelés hippocampe à nez court et hippocampe moucheté, sont des indicateurs de l'état de notre environnement.
Qu'ils soient nombreux dans les lagues côtières, notamment dans le bassin de Thau, est un gage de préservation du milieu. Mais, en réalité, ce poisson recèle encore de très nombreux mystères.
Peu étudié par les scientifiques, il est en bien des points une énigme : on ne sait pas vraiment où est la limite entre les espèces tant il peut exister de différences de taille et de couleur entre des individus supposés être frères ou cousins.
On ne connaît qu
e très mal ses mœurs et son habitat sinon que les plongeurs le trouvent généralement dans les herbiers sous marins à faible profondeur, mais aussi dans les rochers... La même espèce se rencontre à deux mètres dans les algues du bassin de Thau et à trente mètres sur des fonds de coraux. De quoi y perdre on latin.
Une réponse facile - et peut-être exacte - est qu'il est très adaptable et qu'en fonction de l'environnement, des tempêtes ou des accidents de la nature, il est capable de changer d'habitat et de mode de vie.
Heureusement pour lui, il n'est pas comestible. Pas de risque, donc, qu'on le surpêche pour le mettre sur les plateaux de fruits de mer. Mais il n'est pas hors de danger pour autant. Depuis de longues années, ses protecteurs tirent la sonnette d'alarme face aux risques de surexploitation des hippocampes à l'échelle planétaire.
On en pêche en effet un peu partout dans le monde. C'est parfois pour alimenter le commerce aquariophile. C'est plus souvent pour les faire sécher et les vendre comme souvenirs, et surtout comme ingrédients pour la médecine traditionnelle chinoise, qui en utilise des dizaines de millions par an.
Dans le bassin de Thau, ils sont une véritable attraction pour les plongeurs. Un safari photo est possible, accompagné de guides-plongeurs.














